bio
« Parlez-moi de vous, plutôt... »
Commissaire Patrick Bialès
J'ai pris le parti d'une bio plutôt personnelle, qui se lâche un peu et donne plus de détails qu'une liste des faits d'armes. Si vous êtes pressés, vous pouvez aller directement à ma chronologie.
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À l’âge de quatre ans, j’ai voulu faire de la guitare, inspiré par mon père qui jouait (pas très bien) les premières mesures de « Jeux interdits ». On m’inscrit donc au Conservatoire populaire, école de musique incontournable du canton de Genève - où je suis né et où j’ai grandi. En liste d’attente pour les cours de guitare classique, on m’a fait classer des clochettes selon leur hauteur, puis écrire des dictées mélodiques au cours de solfège. Après quelques années à ce régime-là, comme j’étais un gamin tenace et que je voulais toujours commencer la guitare, j’ai pris des cours ailleurs, avec Stéphane Deluz, et plus tard Matthieu Karcher, Julien Feltin, Vinz Vonlanthen, Christian Graf… ce qui m’a permis de creuser un terrain qui m’intéressait déjà enfant : le jazz et l’impro (ce sont mes élèves de guitare, plus tard, qui m’ont appris à faire du rock). C’est donc un savoureux pied de nez que je fais à ces déboires enfantins lorsqu’à vingt-cinq ans je suis nommé prof de guitare jazz au Conservatoire populaire… qui avait bien eu le temps d’évoluer lui aussi (les interminables attentes ne sont plus de mise).
À Genève, il y a aussi l’AMR, Association pour l’encouragement de la Musique impRovisée, si libre qu’elle met les capitales au milieu des lettres. L’AMR est pour moi une seconde maison : j’y ai étudié, servi des cafés, fait la comptabilité et la caisse aux concerts. J’y répète et joue avec mes groupes. J’y donne des ateliers depuis 2010, des groupes d’adultes amateurs que j’aide à jouer ensemble, à improviser sur le répertoire jazz. J’y ai donné des ateliers thématiques (Boris Vian, Chet Baker, Jim Hall, du classique au jazz) et à présent un atelier généraliste, des cours d’harmonie et de formation de l’oreille (ear training). Ces dernières années, l’AMR m’a donné l’occasion de m’épanouir autant dans la transmission que dans la création – la frontière est d’ailleurs floue et mon amour partagé entre mes rôles de prof et de musicien. J’ai ainsi créé et assuré la médiation d’un concert didactique qui a vu plus de huit cent élèves de l’école primaire mettre, pour la première fois, les pieds dans ce club de jazz. Peu de temps après, l’AMR m’octroie une carte blanche, que je prends au pied de la lettre : Ancestral Limbo explore les rapports entre musique et texte chanté, dit, joué, projeté… mais interroge également tout ce qui, dans un concert, n’est pas de la musique, mais fait néanmoins partie du spectacle, des codes de cet univers particulier (l’accordage, les présentations et speechs divers).
Cette envie de mélanger musique et mots ne date pas d’hier. Éternel premier de classe, je rafle un certain nombre de prix à la maturité (le bac des Suisses) : meilleure moyenne de la volée, meilleure dissertation… mais je décide de ne pas aller à l’université, préférant VIVRE (« c’est génial de vivre de sa passion », me dit-on) les lettres et la musique plutôt que de les étudier. Depuis l’adolescence, j’ai des groupes dans lesquels je chante mes propres paroles. Il y a eu les Chevaliers de l’amer royaume, le seul que j’ai réussi à faire programmer au Chat Noir, alors que personne n’avait l’âge légal pour y entrer. Puis les Restes de demain avec Eva Fiechter, qui suit désormais une brillante carrière de chanteuse lyrique. À présent, il y a EnvieZzaj, principalement centré autour de traductions libres de standards de jazz. Parti du duo avec la saxophoniste et contrebassiste Émilie Bugnion, le groupe a connu de nombreuses variantes : avec le danseur de claquettes Daniel Léveillé, en quartette ou quintette pour faire danser le swing (je vous ai dit que je pratiquais le lindy-hop?), dans un sauna pour tourner un clip, à vélo pour des concerts itinérants, et enfin en trio avec le contrebassiste Pierre Balda.
Jazz en français ? À ce stade on me compare souvent (toute proportion gardée) à Boris Vian, sans savoir que comme lui je me suis essayé un certain temps à écrire des critiques de disque (pour l’AMR, toujours).
J’ai aussi mis de la musique sur les textes des autres. Mon projet de diplôme (oui, à l’AMR) s’appelait le Quintexte, car à quatre musiciens s’ajoutait un comédien qui lisait des extraits choisis de Corinna Bille, Georges Perec, Camus ou Ramuz (j’ai depuis découvert Alessandro Baricco, dont l’humour et l’imagination me touchent plus qu’aucun auteur). Côté théâtre, j’ai composé pour « La forme, la marée basse et l’horizon » (de Fanny Wobmann, Cie Princesse Léopold) une pièce balnéaire où le public, muni de casques de silent disco, pouvait choisir entre deux canaux ; « Andata e Ritorno », un texte de Germano Zullo sur le cheminement propre et figuré du comédien et metteur en scène Sandro Santoro, qui est allé à pied de Morges à son lieu d’origine dans le sud de l’Italie ; « Si les feuilles tombent » (Cie Frétambour), inspiré d’un court-métrage muet d’Alice Guy (pionnière du cinéma tardivement reconnue), écrit à trois mains par Danica Hanz (alias Ed Wige), Julie Guinand, et moi-même!
Cette dernière pièce est signée AJAR, non pas Émile, mais un collectif littéraire (Association de jeunes auteur·e·s romand·e·s) fondé avec des ami·e·s de plume en 2012, qui comptait à son apogée une vingtaine de membres. L’ombre de Romain Gary planait toutefois sur cette bande lorsque nous sommes allés au Festival Québec en toutes lettres pour présenter une exposition sur la vie d’Esther Montandon, illustre écrivaine chaux-de-fonnière dont l’AJAR avait écrit un faux, faisant gober à tout le monde la découverte d’un inédit posthume. Esther Montandon n’existant pas, il s’agissait d’un canular dans le canular (vous avez compris?). Sauf que le faux livre, nous l’avions réellement écrit pour être plus crédible. « Vivre près des tilleuls » a même été publié par la suite aux éditions Flammarion. En douze ans, l’AJAR m’a permis d’écrire et de participer à un nombre effarant de performances littéraires et d’aventures amicales, de Courcôme à Brighton, de poèmes en leporello à des notices de livres cultes improbables et imaginaires.
En tant que guitariste, le groupe Zatar m’a lui aussi fait voyager, puisant son « ethno-jazz de chambre » à toutes les côtes de la Méditerranée. Nous avons également emboité le pas (de danse) à Alba Lucera en Andalousie, et à Moira Cappilli jusqu’en haut de la tour Pirelli à Milan. Je suis toujours content d’écouter nos deux disques : « Terra Aria » et « Aremu ».
Il m’arrive aussi d’avoir des projets musicaux sans texte (« shut up and play your guitar », disait Frank Zappa). Avec le Geneva Guitar Gang nous avons consacré le disque « Eclipse » à la musique de Charlie Mingus. J’y jouais de la basse à cinq cordes, pour me donner une contenance dans l’ombre de ce géant.
Avec Sun on a Tree (Yann Emery : contrebasse, Sam Jakubec : batterie) nous jouons nos propres compositions, ce qui m’a permis d’explorer à la guitare des sujets passionnants comme la gamme byzantine ou les accords add11.
Le Quartetransat affectionne quant à lui le répertoire et les rythmes sud-américains (Jobim, Toquinho, Valdes…) et vous invite, comme un transat, à la détente.
Je suis également titulaire du Big’Up Band, big band professionnel basé à Genève, qui joue autant la carte du pop (Tribute to Stevie Wonder en 2020 et Al Jarreau en 2023) que du répertoire swing (Thad Jones, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra…).
J’ai eu l’honneur de créer deux spectacles avec un autre grand ensemble emblématique de la place, la Fanfareduloup : « Solidarität! » un hommage à Kurt Weill et Hanns Eisler (2020), et l’étonnant « Ouch! », où marionnettes et musiciens se croisaient et se confondaient (2023).
J’espère que ce texte vous a fait passer un bon moment. Les biographies d’artistes offrent généralement d’impressionnants tours du monde. Elles s’écrivent à la troisième personne et énumèrent un maximum de noms prestigieux. Vous l’aurez compris, là n’était pas mon intention. Je n’ai ni la carrière, ni le bilan carbone d’un musicien international. Né à Genève en 1986, j’y ai toujours ma vie, ma famille, mon lac, mon parc. L’enseignement, que je pratique en symbiose avec mes activités scéniques, me permet de rester fidèle à mon style, aux gens avec qui je travaille, à mes envies et mes valeurs.
Demain me réservera encore de nouveaux projets artistiques. Pour peu que cette page ne soit pas complètement à jour, ils ont même peut-être déjà eu lieu (par exemple de jouer du banjo six cordes dans un groupe de New Orleans)!
CHRONOLOGIE
1986 : Naissance à Genève
1991-1995 : Initiation au solfège et cours de solfège au Conservatoire populaire
1995-2005 : Cours de guitare avec Stéphane Deluz puis Matthieu Karcher
2000-2004 : Groupe Les Chevaliers de l’amer royaume
2001 : Prix spécial du jury au concours de l’Alliance Française
2002 : Meilleure moyenne de l’établissement et grand prix d’écriture au C.O. Cayla (également en 2000)
2002-2006 : Atelier jazz du Collège Voltaire (festival de Marignac - Les jeunes parmi le jazz)
2004 : Extra-muros (dispense scolaire pour bons résultats) consacré à la musique : cours de guitare (Julien Feltin), basse (Jean-Pierre Schaller), et début de l’enseignement de la guitare.
2e prix au PIJA (Prix international jeunes auteurs)
2004-2010 : Groupe Les Restes de Demain
2005 : Extra-muros à Londres, journal-reportage sur la scène musicale
3e prix au PIJA (Prix international jeunes auteurs)
2006 : Maturité au Collège Voltaire (prix de la Ville de Genève, prix Rotary-Club, prix Arditi, prix Hentsch option spécifique artistique)
2006-2010 : École professionnelle de jazz et de musique improvisée AMR/CPM Genève : cours de guitare avec Vinz Vonlanthen et Christian Graf, basse, piano, pédagogie, harmonie, arrangement, ateliers
2007 : 1er prix au PIJA (Prix international jeunes auteurs) pour « Mythologie »
2007-2010 : Secrétaire à l’accueil et à l’administration à l’AMR
2008-2010 : Bassiste du big band de Divonne
2009-2015 : Groupe Dans les Cordes
2009-2016 : Critiques de disque dans le mensuel Viva la Musica
2010 : Création du groupe Le Quintexte, mon projet de diplôme. Je passe directement d’élève à professeur d’atelier à l’AMR.
2010-2013 : Moniteur vélo à PRO VELO Genève
2011 : Création du groupe EnvieZzaj
2012 : Création du collectif littéraire AJAR
Engagement au Conservatoire populaire comme prof de guitare jazz
2013 : Composition et jeu pour « La forme, la marée basse et l’horizon » (Cie Princesse Léopold)
2013-2019 : Groupe Zatar
2013-2022 : Cours chant jazz avec Yael Miller puis Soraya Berent
2014 : Composition et jeu pour « Andata e Ritorno » (Sandro Santoro, texte de Germano Zullo)
Festival Québec en toutes lettres avec l’AJAR
2015 : CD « Le Quintexte »
« Complètement Dutronc » au théâtre de Poche (mise en scène Françoise Courvoisier)
Voyage en solitaire à vélo en Thaïlande, au Laos et au Cambodge
CD « Le Quintexte »
2016 : Je commence la danse swing.
Parution de « Vivre près des Tilleuls » (collectif AJAR) aux éditions Flammarion
CD « Terra Aria » (Zatar)
2016-2021 : Groupe Geneva Guitar Gang
2017 : CD « Aremu » et spectacles de danse (« il Bacio della Taranta » et « Terra Danza – Dialogue des Suds ») avec Zatar
Je me fais shooter à vélo par une automobiliste récidiviste de l’alcool au volant, ce qui m’empêche de faire une deuxième création avec la Cie Princesse Léopold.
2018 : Création du groupe Sun on a tree
Tournée en Andalousie (Zatar)
Reprise de « Complètement Dutronc »
Festival de guitare de Vendôme (Geneva Guitar Gang)
2019 : Tournée de Zatar en Italie (Festival Jazzmi Milan, Ravenne, Cesena, Forlimpopoli)
« Le culte des livres cultes » (AJAR) au festival la Fureur de Lire
2020 : « Eisler / Weill - Solidarität! » avec la Fanfareduloup
Tournage de trois clips avec EnvieZzaj
J’intègre le Big’Up Band (Tribute to Stevie Wonder)
2021 : CD « The Cool of the Afternoon » (Sun on a tree)
CD « Eclipse » (Geneva Guitar Gang)
Confiné pendant dix jours, je développe une grave addiction aux anagrammes.
2022-24 : « À la découverte du jazz », concert didactique pour les écoles primaires (AMR, École&Culture)
2023 : Concert-spectacle « Ouch! » (Fanfareduloup)
Tribute to Al Jarreau (Big’Up Band)
2024 : « Ancestral Limbo », carte blanche à l’AMR
« Si les feuilles tombent », co-écrit avec Danica Hanz et Julie Guinand (collectif AJAR), est créé au théâtre Pulloff à Lausanne.
CD « Ornithologies » (EnvieZzaj)
2025 : clip « Ornithologies » (EnvieZzaj)